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lundi 29 mars 2021

Jours 135 à 142 : Navigation dans les Raromatai, l'expérience inoubliable




Bien trop souvent nous avançons dans un quotidien rythmé de rendez vous, de contraintes, d'impératifs, montre au poignet dans un bulle de stress qui nous étouffe, nous aveugle. 
Parfois, comme une bouffée d'oxygène, on se libère de ce tumulte en s'offrant "une super affaire" dans son magasin préféré, en partageant une séance de sport entre collègues, en s'envoyant quelques chopes avec les amis ou autour d'un bon diner en famille. 
Mais cette "vie quotidienne", ces 24 heures, ces 7 jours de la semaine ne cessent jamais de nous rappeler à nos devoirs, nécessaires pour être totalement intégrés dans notre société.
Parfois, l'on trouve une alternative éphémère à ce quotidien, un itinéraire bis qui permet de sortir de l'autoroute et profiter des paysages à une allure libre.....un tour du monde par exemple ! Mieux encore, pendant ce tour du monde, grimper sur un voilier dans le pacifique sud pour naviguer dans les Raromatai (îles sous le vent).

 15 mars : 

Nous ne tenons plus, ces derniers jours à attendre cette croisière nous ont semblés longs, nous avons hate de vivre quelque chose de nouveau, de reprendre le voyage et de vivre une nouvelle aventure.
Notre skipper, un certain Jason, nous a donné rendez vous à 15h dans la marina moderne de Papeete alors nous profitons de la matinée pour faire les dernières courses de frais à emporter sur le bateau. 
Se pose alors un petit soucis logistique, notre petite Hyundai est pleine à ras bord de packs d'eau potable et de sacs de nourriture (sans oublier la caisse d'Hinano) pour tenir 8 jours en mer à 5 (nous devons bien sur nourrir notre capitaine) et nous ne tiendrons jamais à 4 dans la voiture pour rejoindre le port sans compter qu'il faut encore y mettre une valise ......c'est l'un des avantages d'une croisière, c'est pas très compliqué niveau fringues ! Maillots, serviettes, short et tee shirt....Les 3 autres valises bien filmées seront gentiment stockées par notre propriétaire David qui nous les ramènera à notre retour. 
Nous déjeunons tous les 4 à Vaipoopoo dans une petite roulotte puisque la femme de ménage est en place pour remettre à neuf notre logement qui est loué pendant notre périple.
Il est ensuite temps de procéder au transfert des vivres vers le port. Je pars avec Gaelle, les enfants restent sagement sur la terrasse de l'appartement. Impossible de garer la voiture à moins de 500m du bateau, c'est donc sous un gros cagnard que nous nous lançons dans le transfert des sacs de course et des packs d'eau à travers le parc de la Marina en prenant des relais courts pour ne jamais quitter de vue nos sacs et surtout la voiture en proie à une amende bien salée là où je l'ai posée ! 
J'abandonne Gaelle sous un palmier devant le ponton avec son trésor et je file chercher les enfants à Punaauia. 
Ces derniers sont tout excités et ont hâte de grimper sur le bateau....nous laissons les clefs de notre logement à la femme de ménage et nous reprenons la route. Je les dépose sur la Marina pour filer rejoindre Gaelle qui attend encore Jason.
Je repars à nouveau, cette fois pour faire le plein de la voiture et la rendre à l'aéroport de Fa'aa. Nathalie chez Europcar qui commence à bien me connaitre me fait déposer sur la Marina par l'un de ses salariés.
Ouf c'est bon, cette fois nous n'avons plus de logement, plus de voiture, c'est un catamaran de 38 pieds au doux nom de POE NINA qui fera office de maison flottante pour cette semaine entière dans les Raromatai (les îles sous le vent).

Notre Poe Nina (à gauche) nous attend dans la Marina

Petite terrase

Un grand salon cuisine tout équipée

Notre belle suite parentale avec WC et douche dans le flotteur à Tribord

Ouf après tant d'effort pour tout grimper à bord c'est repos dans les filets !


Jason est bien à l'heure et ne ménage pas ses efforts pour nous aider à tout charger à bord de notre bateau.
Ce jeune métisse de 25 ans franco-tahitien de l'île de Moorea a fier allure, un beau brun à la peau hâlée et tatouée, athlétique et avec un bel accent polynésien. Il nous fait tout de suite bonne impression, il semble très sympa et l'on ressent qu'il est profondément gentil. De toute façon pas le choix puisque nous devrons désormais partager la Poe Nina avec lui......mais pas seulement ....Jason nous a appelé ce matin, très embarrassé, il souhaiterait partager cette semaine de croisière avec sa petite amie ! Le bateau est grand, les deux flotteurs du catamaran servant de chambres, nous possédons déjà un flotteur entier avec Gaelle dans la suite parentale avec chambre double, dressing, WC séparé et une grande douche, le second flotteur est composé de deux chambres double et d'une salle de bain WC commune. 
Les enfants avaient décidé de dormir ensemble pour laisser l'autre chambre au skipper (qui habituellement dors dans le salon ou à l'arrière du bateau). Une sixième personne à bord ne pose donc aucun problème logistique. L'on trouvera vite un consensus : c'est ok à trois conditions. La première est le partage des tâches et de la nourriture, la seconde est le partage des frais de carburant et enfin la dernière que ce dernier reste mobilisé à notre voyage sans passer (toute) la nuit avec sa chérie ! C'est validé ! Nous faisons donc connaissance avec la très jolie Marama. 
L'équipage est cette fois au complet.
Jason nous annonce un départ très tôt dans la matinée (3h) alors ce soir on profite de notre premier dîner à bord de notre bateau et du magnifique spectacle d'une jeune raie manta océanique dans sa chasse au plancton dans les phares de la Marina, avant de rejoindre nos couchettes pour une petite nuit dans le caplotis du port de Tahiti.

La chef de la Poe Nina qui ne sait pas encore à quel point elle va régaler l'équipage !

La jeune raie manta dans le port de Tahiti

 16 mars : 

3h....les deux moteurs se mettent à ronfler, Jason est ponctuel ! Il fait nuit noire dans le port, la Poe Nina quitte doucement Tahiti, dès la sortie du port la houle se fait sentir et remue le bateau, mais encore pris dans notre sommeil, nous sommes bercés par ce départ se laissant rêver à nos futures découvertes.
Vers 5h30, je me reveille, je ne veux pas rater le levé du soleil de ce premier matin de navigation.
Je suis saisi dès la sortie de la cabine par ce qui m'entoure. Nous sommes sur l'océan pacifique sud, la lumière du levé du jour embrase les nuages d'un rouge orangé intense, derrière nous l'on distingue nettement les îles de Tahiti et de Moorea, devant nous le grand bleu à perte de vue.
Toc toc, sous le hublot sous mes pieds, c'est Clément qui est réveillé, excité lui aussi de grimper sur le poste de pilotage...il me rejoint, c'est tous les deux que nous partageons les lumières de l'aube de ce premier lever de soleil en mer.
Rattrapé par le sommeil, il retourne dans son lit par le hublot .....

Difficile de ne pas être ému par une telle lumière

Tahiti derrière nous...

...et Moorea


Clément matinal et curieux


Mon nouveau jouet pour 7 jours

Vers 7h30, tout le monde sort de sa cabine. Nous sommes à vrai dire un peu perdus sur ce petit bateau où nous ne savons pas encore comment être utile et comment nous occuper.
Nous faisons cap sur l'île de Tetiaroa que nous atteindrons vers 9h. Nous décidons d'attendre d'y être arrivés pour notre premier petit déjeuner. Alors en attendant, Jason apprend à Gaelle la mise à l'eau de notre canne à pêche de compétition ! (Offerte par le patron de Poe Charter devant l'engouement de Gaelle pour une pêche au gros) Jason est heureux c'est la première fois qu'il a ce type de matériel à bord !

Découverte du matériel de pêche


Le GPS a dit vrai ! Avec un  petit 6 noeuds nautiques (environ 11km/h) et le manque de vent, nous atteignons l'île de Tetiaroa que vers 9h30 (6h30 de navigation). Cette île est la plus proche de Tahiti après Moorea mais absolument différente. Elle est mondialement connue par un certain Marlon Brando qui en a fait l'acquisition après être tombé fou amoureux de l'endroit lors du tournage des naufragés du Bounty en 1960. L'ile appartient toujours à ses enfants qui tiennent sur l'un des motu le plus luxueux hotel de Polynésie (aller jeter un oeil sur Google ça fait rêver !)
En comparaison à ce que l'on a vu jusqu'à présent en Polynésie, elle est un parfait et subtil mélange d'une île et d'un atoll. Pas de montagne, des motus à la végétation endémique, sauvage et protectrice avec ses très nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs et pêcheurs, des lagons translucides en son sein, refuge de nombreux poissons et des lagons de coraux côtés océan protégés par un vertigineux récif à son pourtour. 
C'est là que nous amarrons le catamaran à un corps mort (bouée raccordée par une corde à une buse en béton immergée).
L'eau est d'un bleu profond, c'est d'ailleurs très profond....et nous sommes encerclés de requins (pointes noires et citrons) et d'une belle tortue ! 
Nous prenons notre petit déjeuner.

Tetiaroa en vue

La poe Nina au mouillage devant le récif

Seul un autre catamaran partage ce mouillage (qu'il quittera d'ailleurs dans quelques heures, nous laissant absolument seuls sur cette île paradisiaque....c'est unique....merci la Covid).
Jason met l'annexe à l'eau (petit zodiac de 4 places) pour nous emmener sur le rivage (impossible de traverser le récif avec le catamaran). Ce débarquement sportif rappelle à quel point l'île est sauvage puisqu'il n'existe pas de ponton et de passe pour les bateaux ....(les traces d'une vielle installation de copraculture est rongée par la rouille et la houle).
Le tour de ce motu appelé l'île aux oiseaux (souvenirs des Tuamotus) est un vrai régal, malgré la chaleur pesante, l'île est déserte, les plages sont issues des plus belles cartes postales, les lagons sont immenses et afin de ne pas déranger ses habitants (fous à pattes rouges, sternes blancs, fous bruns,....) c'est à pied dans le lagon que l'on contourne l'île (l'eau y est certainement à plus de 29°c, ca rafraichit à peine).
On en prend plein les yeux, mais c'est coup de soleil et coup de chaud garantie. Clément est subitement pris d'un malaise et doit patienter avec Gaelle sous un cocotier le retour de Jason avec l'annexe. Pendant que Manon, Marama et moi finissons le tour à pied jusqu'au récif.
  













De retour sur le bateau, Clément a déjà repris des couleurs, il est temps de se jeter dans l'océan, plus frais (25°C) pour aller à la rencontre des requins.
Après un déjeuner dans cet endroit paradisiaque et une petite sieste, nous partons avec Jason et l'annexe tenter une pêche à la traine sur les vagues du récif.



Mais malheureusement, le petit Rapala au bout de la ligne (petit poisson en plastique servant d'appât) décide de se crocher dans les coraux à 50m de la ligne de vagues.....
Jason trop attaché à son appat préféré, souhaite le récupérer. On accroche alors la cane à pêche à deux bouteilles en plastique ramassées sur la plage lors de notre balade du matin, et on la laisse flotter dans la houle, le temps de déposer les enfants au bateau et récupérer un masque de plongée.
Je retourne sur site avec Jason....il doit certainement me faire confiance car il saute à l'eau décrocher son hameçon me laissant à la barre de l'annexe. Je garde les gaz et continue à tourner autour de lui pour ne pas me laisser emporter par les vagues sur le récif. Il remonte sur le zodiac avec un grand sourire, son Rapala et une question...au fait tu as le permis bateau ? 
La réponse est non bien évidement mais au moins il sait désormais que l'on peut faire équipe !


La fin de journée approche....mais pas seule, un bel orage se pointe à l'horizon. Jason se ferme. Il disparait en cabine téléphone en main.
Il remonte dix minutes plus tard. "Bon, j'ai eu en ligne des copains skipper sur Tahiti. L'orage est gros. Impossible de rester ici, le corp mort pourrait lâcher avec la houle. On doit se réfugier sur Moorea.
Sauf que Moorea, moteur à fond est à 4 heures d'ici. L'orage lui sera là dans 1 heure.
On doit se préparer à faire face. 
Jason prépare le bateau à prendre le large, Gaelle décide de préparer le repas du soir (spaghettis bolognaise) tant que le catamaran est stable. Les enfants avalent un "Mercalm" un médicament dédié au mal des transports.
L'orage est là avant même que nous ne soyons partis et nous rince d'une bonne grosse pluie tropicale. Le vent est vraiment fort. Il est temps de larguer les amarres ! 
Le vent et donc la houle s'intensifie plein Est alors que nous devons redescendre sur Moorea plein Sud.
Le bateau est chahuté de toute part, plonge et se relève de plusieurs mètres des dizaines de fois par minute....on y est ...dans le dur.....
Il ne m'en faut pas plus et je suis le premier à être malade. Le petit seau bleu devient mon meilleur ami et je vomis à intervalle régulier ...ce que je peux vomir....
L'ambiance à bord est tendue et fermée.....Gaëlle qui a le malheur de descendre récupérer des affaires en cabine remonte nauséeuse et vomi à son tour.....les enfants "shootés" par le médicament s'endorment sur les banquettes à l'arrière du bateau. (impossible pour moi et Gaelle de prendre désormais un médicament, trop tard !  Nous vomissons tout ce que nous avalons)
Jason à un pressentiment et après presque une heure de montagnes russes il barre à tribord, il nous met le bateau plein Ouest. Ainsi, houle et vent dans le dos, le mouvement devient régulier et plus calme, le vent disparait puisqu'il nous pousse, nous surfons sur les vagues....."Cap sur Huahiné !" nous lance t il heureux de son choix....
Un choix audacieux car déconseillé par ses amis, si l'orage grossit nous serons à 13h du premier port ! 
Mais nous sommes heureux de ce choix qui va nous permettre de reprendre des forces.....
Les enfants vont même réussir à avaler quelques spaghettis vers 10h du soir.
Jason sort alors sont arme ! Un Ukulélé ! La musique dans ces circonstances nous apaise, nous réjouit, nous occupe l'esprit. Vers minuit, tout le monde est soulagé. Le ciel s'est éclaircit, la houle se calme.
Le choix de Jason était le bon.....les enfants rejoignent leur cabine pour dormir, Gaelle et moi nous nous endormons sur les banquettes à l'arrière du bateau trop inquiets d'être malades dans notre cabine.

 17 mars :

Ouch ! Dur dur le réveil ce matin, mais la douce lumière de l'aube nous rassure, au loin à l'horizon l'île de Huahiné se dessine. Un peu vide, on se décide à se remplir d'un bon thé chaud et de quelques madeleines.
Vers 9h30, le gros plat de spaghettis de Gaelle servira de petit déjeuner à tout l'équipage qui est clairement affamé .....
Reste d'une nuit difficile !


Petit déjeuner "italien" !

Les sourires sont difficiles ce matin !

Waouw Huahine en approche !!!

10h : Nous entrons dans la passe de Huahine après 15 heures de navigation. Comme par magie, les maux et la fatigue de la nuit disparaissent ! Une arrivée par l'océan dans le lagon de cette ile magnifique est un moment riche en émotion. Voici notre première navigation dans un lagon (nous étions resté au large à Tetiaroa), l'eau sous les coques du catamaran devient bleu turquoise et incroyablement transparente....Nous ne pensons tous plus qu'à une chose ....sauter à l'eau !

Entrée dans la passe

Tiens revoilà le Motu Obama (voir notre blog de Huahiné)




La houle de la nuit a apporté beaucoup de vagues sur les récifs de l'île et les volumes d'eau important de chacune de ces grosses vagues remplissent le lagon d'un fort courant.
Jason équipe donc sur chacun des flancs de l'embarcation une bouée dérivante au bout d'une longue corde pour nous servir de "ligne de vie" 
Ce courant devient un jeu ....une rivière chaude et sauvage sous le bateau qui va amuser les enfants (et les adultes) pendant deux bonnes heures !




Il est bientôt midi, pour se réconforter de la mauvaise nuit et remplir nos estomacs après cette bonne baignade nous décidons de descendre à terre pour déguster un bon burger chez Izzy's (chez qui nous avions déjà déjeuné deux fois lors de notre séjour sur cette île)
Jason appelle un ami qui va gentillement nous servir de taxi.

Au retour vers 15h, nous reprenons la navigation dans le lagon puis en mer pour contourner l'île par le nord et ainsi rejoindre le port de Fare à l'ouest. 
Un spot idéal pour profiter d'un super coucher de soleil et découvrir les joies d'une grillade à bord (oui oui il y a un très beau BBQ en inox sur notre voilier) au son du ukulele de Jason. Sans compter sur la délicieuse tarte aux pommes maison....ou plutôt bateau ....préparée par Gaelle et les enfants ! Jason commence à être sous le charme de la cuisine de notre marin breton !
Quelle transition avec la nuit précédente. 



Arrivée au port de Fare






Allumage du BBQ au sunset


Préparation d'une tarte au pomme "bateau"


 18 mars :

Quelle délicieuse nuit ! Le ventre plein et bercé par le clapotis du lagon .....
Vers 8h tout l'équipage émerge de ses cabines.....Gaelle, Jason et Marama partent pour le marché de Fare pour compléter notre cambuse de quelques fruits frais !
Puis nous levons l'ancre pour rejoindre le lagon de Tiapaa ! Un spot sublime, l'eau y est incroyable, sur les bancs de sable dans un bleu clair glissent raies pastenagues et  léopards.
Nous nous ancrons à nouveau pour profiter de nos kayaks, paddles et masques de plongée dans le jardin de corail près du rivage.



Raies pastenague

Raie léopard

Clément se lance à nouveau dans la pêche à la traine...






Petite course improvisée entre Jason et les enfants !

Quelle belle journée ! Depuis un catamaran, l'océan est si facile d'accès qu'il devient un élément à part entière, nous sommes libres comme l'air et à peine lassés d'un endroit magique, nous pouvons naviguer vers un nouveau paradis.... 
Allez justement, hissons les voiles, nous avons une destination qui nous tient à coeur .....Bora Bora !
Vers 14h, le catamaran quitte Huahine sous le son du Ukulele. 
Nous naviguons sereinement dans une mer d'huile quand soudain, un bruit strident sort l'équipage de ses occupations et de sa sieste ! Il est 16h, l'île de Raiatea est en vue, l'énorme moulinet de notre cane à pêche se déroule à une vitesse folle.....
Une prise ! Une énorme prise.....Jason se jette sur la canne....Gaelle et les enfants le suivent, je me poste à la barre du navire et je suis les instructions du capitaine. 
Il s'efforce à remonter la ligne, la prise elle essaie de la casser en passant à babord et à tribord, je pousse les moteurs et essaie de garder la ligne dans le sillage....
Ca y est on aperçoit notre pêche....oh non ! C'est énorme ! Un Mai Mai ! Un mâle dorade coryphene ! Un poisson qui se pêche habituellement au harpon avec des bateaux puissants dans les vagues du pacifique pendant sa chasse. 
Jason lutte avec le MaiMai et finit par le jeter à bord à l'aide de la griffe ....un véritable et regrettable bain de sang à bord ....mais il est désormais impossible de laisser partir à l'eau cet animal blessé à mort.
Rapidement assomé et maitrisé, nous pouvons désormais respecter cette pêche miraculeuse en oeuvrant à sa découpe.
La dorade de 25kg est transformée par Gaelle en quelques heures en filets, mis au frais et au congélateur et permettront à notre équipage de 6 personnes de se nourrir pendant 4 jours ! Voilà ce que l'on appelle une pêche fraiche, locale et responsable et nous ferons honneur à ce cadeau de l'océan ! 
Gaelle est ravie, elle qui voulait vivre une pêche au gros.....c'est du gros !



Le calme avant .....

....la grosse prise !


Le catamaran se transforme en bateau de pêche !


Puis en poissonnerie !




Sunset sur Raiatea 




Nous passons au coucher du soleil au large de Tahaa et Raiatea, la pêche miraculeuse sera célébrée autour d'un nouveau barbecue, en navigation cette fois avec de délicieux filets de MaiMai marinés et grillés.



Il est presque minuit, peut être plus, l'océan pacifique nous entoure de toutes parts sur des centaines de kilomètres, nous sommes tous les quatre (et notre skipper) sur la "Poe Nina" un catamaran de 38 pieds. Nous venons lui et nos estomacs d'être durement chahutés par une tempête au large de l'île de Tetiaora, mais à ce moment précis, l'océan est incroyablement calme, si lisse que les milliers d'étoiles au dessus de nos têtes s'y reflètent. Je n'ai jamais vu la Voie Lactée aussi distinctement, aussi belle ....
Au lieu d'être happé le sommeil, je suis en plein éveil, le coeur palpitant au milieu de cet environnement sauvage, certes hostile à l'homme mais pourtant si attractif et enivrant (une vraie similitude avec la montagne).
Sous nos pieds, sous notre embarcation, un vide abyssal de 4000m de fond, autour de nous des tonnes d'eau qui ondulent, une masse liquide et noire, vivante, dans cette nuit chaude tropicale, formant une houle apaisante qui a emporté les enfants et le skipper dans un profond sommeil.
Quelques étoiles filantes traversent ce ciel encore plus vertigineux tant on en devine l'infini.
Sur les flancs de la coque et dans notre sillage, le caplot réveille le plancton phosphorescent qui s'illumine, scintille de façon éphémère, magique et rappelle à quel point cet océan est vivant.
Nous sommes seuls au monde, sur cet itinéraire bis de notre vie, tous nos sens en éveil, le temps n'a plus aucune forme d'importance, c'est le soleil qui rythmera désormais nos journées.
Nous sommes vivants, voilà tout, au milieu de cette aventure à 4000 lieues de notre "quotidien".

Arrivée de nuit à Bora Bora

 19 mars :

Je pense que Gaelle et moi nous souviendrons longtemps de cette arrivée de nuit à Bora Bora, tous les deux à la barre du catamaran, Jason me déléguant la navigation côtière jusqu'à la passe.

Ce matin, nous découvrons l'environnement dans lequel nous avons arrimé le bateau à la frontale dans la nuit avec Jason, le lagon au sud ouest de Vaitape.
Les lumières du levée du soleil dessinent les reliefs de cette île que nous aimons tant, mais aujourd'hui se réveiller au coeur de son lagon est comme un privilège, un rêve éveillé, bien mieux encore que le plus bel hotel sur pilotis que comporte cette île, puisque nous sommes en plein coeur du lagon avec vue à 360° ! 
Quel réveil !

Premier rayon sur Bora

Petit déjeuner à bord 

On ne tient plus, hate de sauter à l'eau ! Le petit déjeuner est rapidement avalé et toute l'équipe plonge de toute part ! On a privatisé le lagon de Bora Bora.....c'est un instant rare et privilégié....il n'y a aucun bateau, aucun touriste.....(à cause et grace à la Covid).
Nous plongeons seuls dans l'un des plus beau lagon du monde ! La classe !!!!


Elle est pas belle la vie !


Vers 11h, nous levons l'ancre pour profiter d'une belle navigation dans les eaux cristallines de cette île paradisiaque en direction du port du Vaitape.
Au passage devant l'hotel du Conrad, déserté des touristes, nous improvisons un snorkeling dans son jardin de corail mais nous sommes chassés par les gardiens .....et oui triste revers de la médaille de Bora ! Les plages et le lagon sont "privés".... l'argent permettrait il ici d'acquérir un morceau d'océan.....certainement !

L'hotel du Conrad



Elle est quand même dingue cette île non ?

Arrivée au port de Vaitape


Ce petit détour par le port, permet de faire les courses de quelques articles manquants sur le bateau, quelques fruits et un paquet de comprimés "Mercalm" en prévision de futures navigations longues et houleuses....fort de notre expérience entre Tetiaroa et Huahine.
Mais l'ambiance d'un centre ville, le bruit des moteurs, la chaleur du bitume, la foule des supermarchés, nous fait rapidement fuir et rejoindre notre voilier.
Surtout que ce midi, nous engageons une navigation spectacle dans le lagon de Bora (dans le sens des aiguilles d'une montre du chiffre 9 au chiffre 5) jusqu'au lagon de Raimanu.
C'est moi qui me colle au BBQ ce midi pour une fournée merguez/saucisse....sous le soleil, face à la braise...je suis en eau....mais content !





Vers 14h30, nous nous arrimons à un corps mort à la limite de deux nuances de bleus turquoises incroyables, l'eau est si limpide que la visibilité y est exceptionnelle ! Les moteurs à peine arrêtés nous sommes tous (skipper compris) dans l'eau !




Le temps passe vite dans ces conditions et la nuit tombe déjà, à Bora les coucher de soleil eux aussi font leur show ! C'est absolument sublime le ciel et le lagon s'assombrissent et s'embrasent de nuances de feu !
Ce soir Marama tient à nous faire découvrir une spécialité locale pour accompagner notre pêche, la banane Fei au lait de coco (humm un régal) ... avec en dessert un petit flan "bateau" !



Banane Fei au lait de coco et son maimai grillé


 20 mars : 

C'est le rayon puissant du soleil au travers du hublot qui me sort d'un profond sommeil ce matin.
Mais c'est le même bonheur d'être dans ce lagon paradisiaque qui va vite nous sortir de notre lit....nous sommes entourés de Va'a (pirogues traditionnelles) qui se livrent à une course autour de l'île en profitant de la douceur matinale.
Au loin, un nuage apporte le peu de pluie nécessaire à l'apparition d'un arc en ciel sur les montagnes de l'île.....un beau spectacle pour le petit déjeuner ! Si vous chercher les enfants, suffit de baisser la tête ils ont déjà dans l'eau !







Vers 11h Jason me confie à nouveau le bateau pour la navigation inverse en direction de la passe de Bora, il est déjà l'heure de quitter cette île pour pouvoir être à Tahaa avant la nuit.
C'est à ce moment précis que nous faisons route inverse et reprenons le chemin vers Tahiti. Au loin dans l'horizon se dessine Maupiti (nous ne pourrons pas naviguer jusqu'à elle, nous n'avons plus assez de temps)
Nous avons bien appris de nos jours précédents de navigation, alors juste avant de quitter le lagon tout le monde avale un mercalm pour assurer le coup. En effet, nous reprenons une navigation avec un vent de 3/4 de 15 noeuds et donc la houle est plus formée et va remuer notre catamaran.


Navigation agréable dans le lagon le long des hotels de luxe


On l'a fait ! Tahiti-Bora par l'océan !

Et quelle récompense !

Sur le bateau, pas de wifi, pas de console, pas d'écran...alors on a acheté quelques livres que nous allons dévorés et pour Manon le Mercalm a plutôt des effets soporifiques.... alors entre deux chapitres...elle dort !


Lire allongée pour roupiller entre deux chapitres

Un dernier virage dans l'océan pour saluer Bora au milieu du grand bleu 

Au loin Maupiti

Face à nous Tahaa ...l'île de Koh Lanta

Il est 13h quand nous entrons dans la passe de Tahaa, nous avons fait une belle navigation dans des conditions meilleures que sur les prévisions, au loin les sommets de Bora sont très visibles .
Nous rejoignons le lagon nord de Tahaa près de très beaux motus où une célèbre émission de télé-réalité française a été tournée il y a quelques mois....Nous sommes sur les terres de Koh Lanta.
C'est ici que nous jetons l'ancre pour passer la fin d'après midi et la nuit.
Une délicieuse soirée au Sunset avec entre autre les bananes flambées de notre chef Gaelle....une première pour nos polynésiens qui vont lécher la poêle !!!


Les vagues de la passe de Tahaa






 21 mars :

Nous avons repéré hier soir avec Jason, un superbe endroit pour une activité snorkeling. Entre deux motus de cocotiers et de sable blanc, une passe déverse un courant entrant dans un jardin de corail. 
Le jeu est tout trouvé, il suffit de marcher par la plage jusqu'à l'océan et ensuite se laisser porter par le courant au milieu des coraux et des poissons de lagons......et recommencer.....
L'endroit est juste somptueux, il n'est pas sans nous rappeler le magnifique jardin de corail de Bora Bora que notre hôte Gérard nous avait fait découvrir (le plus beaux du voyage) (voir notre blog Bora)
On profite de ces instants car malheureusement nous savons qu'il s'agit de nos dernières heures dans les lagons des îles Raromatai....
 
Quel spot ! Avec Bora au fond ...










12h30 : L'équipage désormais efficace et expérimenté se prépare ! Une bonne assiette de spaghettis carbonara pour caler l'estomac, un petit Mercalm, une bonne hydratation et surtout de la bonne humeur pour engager la plus longue traversée de cette croisière : Tahaa vers Tahiti ....une vingtaine d'heure.
Nous sommes déçus car idéalement avec un vent favorable nous aurions pu arriver d'abord sur Moorea et embarquer nos amis les 2L&JV pour finir la route vers Tahiti....mais nous n'y arriverons certainement que pour midi le lendemain.....trop court !


Dernier motu avant la passe Est 

Les Motus de Koh Lanta ...mais lequel ???

Tu as de beaux yeux tu sais ?

Adieu Tahaa !


Tahaa nous offre une rencontre dans la passe de sortie avec un petit requin marteau qui va tourner autour de notre embarcation, magnifique, le premier marteau de notre vie ! 
Chacun s'occupe à bord, l'océan est houleux mais nous commençons à bien gérer cette sensation, nous pouvons validé notre "pied marin" ....en espérant ne pas croiser de nouveaux orages sur ces prochaines 24 heures....
Le temps se suspend, il est désormais fonction du soleil qui s'enfonce vers l'ouest et des vagues qui rythment nos mouvements....
Gaelle arrivera même à cuisiner une salade de riz/thon avec les ustensiles et les gamelles qui valsent de babord à tribord, tout le monde arrivera à diner dans des conditions de mer agitée sans nausée et tout le monde s'endormira paisiblement. Gaelle et moi, resteront sur le pont, comme pour mieux respirer dans cette agitation et pour veiller régulièrement sur l'horizon. Jason nous confie que pour percuter un autre bateau dans le pacifique sud, il faut un sacré hasard, aussi peu de chance que de gagner au loto....bah peut être mais moi j'ai pas envie de gagner le gros lot ce soir....alors je veille au grain régulièrement !
Le sommeil emporte tout le monde.....quand soudain une alarme déchire la nuit calme et le bruit des vagues.
Jason court dans tous les sens ....
"Qu'est ce qui ce passe Jason ?" 
"On n'a plus de gasoil ! J'ai oublié de checker au départ de Tahaa"
Petite erreur de débutant, nous voici a mi chemin entre Raiatea et Moorea, les deux moteurs arrêtés, avec un vent de face....impossible d'avancer avec les voiles.
"C'est le vent de face, on a consommé plus que prévu !"
Fort heureusement à l'avant dans la cale une réserve de diesel de 80 litres permet à Jason avec des manoeuvres acrobatiques en plein océan houleux, de nuits, de siphonner les bidons dans les réservoirs placés à l'arrière du catamaran ....je reste prêt à intervenir s'il chute !
Une demi heure plus tard, les moteurs se réveille et la traversée se poursuit....avec un sommeil en pointillé !



 22 mars : 

Le jour se lève et nous rassure, c'est je pense plus facile de tomber en panne de jour que de nuit et le fait d'apercevoir Moorea face à nous donne un objectif .
Décidément ! Moorea devait nous protéger de l'orage à l'aller, nous l'avons ignorée, et bien cette fois elle nous appelle pour un plein de carburant qui semble désormais inévitable si nous souhaitons rejoindre Tahiti !
Il est 11h quand nous arrivons à la hauteur de la passe sud de Moorea, les conditions de vent sont si mauvaise que nous avons mis deux heures de plus que prévu.
Mais comme pour se moquer de nous, dans le dernier mille nautique qui nous sépare des côtes, le vent se lève 20 à 25 noeuds, l'on peut sortir toutes les voiles, couper les moteurs assoiffés et voguer légèrement sous le souffle des alizés ! Oh quelle bonne sensation !
Jason qui vit à Moorea connait bien cette petite passe de pêcheur au sud de l'île, la seule que nous pouvons atteindre avec les quelques litres de diesel qui nous restent.
Le truc, c'est que cette passe est petite et la houle est forte, alors il va falloir surfer avec un catamaran de 38 pieds et éviter quelques pêcheurs qui hurlent au scandale de nous voir entrer dans cette zone.
Jason connait l'océan et il va nous le prouver, en donnant la bonne impulsion, sur la bonne vague, au bon moment et nous faire entrer dans le lagon de la plus belle des manoeuvres ! 
Et comme si Moorea accueillait son jeune capitaine, ce sont les dauphins qui vont se charger de nous monter le chemin vers le lagon en se glissant sous les filets du catamaran ! On a bien fait de venir !
 

Moorea en vue

Enfin du vent dans les voiles !



Oh ca pêche devant....certainement un banc de poisson ou un requin baleine ?

Alors c'est donc là qu'il faut faire entrer le bateau ??? 

Notre guide nous montrera le chemin !

Nous y sommes !

Jason, ne tardera pas après quelques coups de fils à trouver un ami pour le déposer à la station essence de Moorea et refaire le plein des bidons de réserve.
Pendant ce temps, nous préparons un déjeuner complet et nous prenons beaucoup de plaisir à le savourer, moteurs arrêtés, à l'arrêt, ancrés dans ce beau lagon de Moorea, après 24 heures sur un océan agité et une petite dose d'adrénaline dans la nuit !

Nous devions être sur Tahiti à 14h. Il est 14h et nous sommes à Moorea ! Tout va bien ! Plus personne ne semble stressé sur ce bateau ! 
On se prépare à cette dernière traversée (deux ou trois heures) vers la marina de Punaauia de Tahiti.
Alors comme pour vivre une dernière fois tous ensemble, un best of de cette croisière, on gonfle les voiles, on s'installe à l'avant du bateau, Jason sort son ukulele pour jouer et chanter les plus belles chansons du voyage, on s'ouvre quelques bières et finalement on aimerait que le temps s'arrête car à cet instant, on est tous heureux.
On a vécu tous les 6 une sacrée aventure (pour des marins d'eau douce comme nous), on a partagé des bons moments de rigolade, on a partagé des recettes et inventé une cuisine mi bretonne mi polynésienne au milieu de l'océan avec des produits des îles et notre pêche, on a chanté, on a nagé dans les plus belles eaux des îles Raromatai, on s'est raconté nos vies, on a navigué sous les étoiles, on s'est fait confiance, on s'est rencontré ......on a voyagé ! 

Nos amis les 2L&JV nous attendent sur le port, déçus de ne pas avoir pu monter à bord depuis Moorea, mais impatients d'entendre notre expérience et nous d'avoir leur récit de leur voyage dans les îles Marquises.

Il est temps de dire adieu à Jason, Marama et la Poe Nina, temps de remettre le pied à terre et de poursuivre notre aventure riche de cette expérience inoubliable de navigation dans le Pacifique Sud.

Arrivée à Punaauia

Il faut dire adieu à notre Poe Nina !