Jours 163 à 164 : Parc Rincon de la Vieja

12 avril : 

Il est 6h30, le soleil est déjà levé (pas de volet dans notre chambre, des simples voilages) et la faune qui nous entoure est bien réveillée, alors difficile de grasse-mâtiner ! C'est bien ainsi puisque nous devons prendre la route ce matin pour une nouvelle destination. Nous plions donc les valises et nous profitons des délicieux pancakes et fruits frais de la Casa de la Montana. Une dernière séance d'observation des oiseaux avec le propriétaire des lieux et nous grimpons dans notre petit 4x4.

Plutôt que de rejoindre la route nationale 1 dans la vallée, nous décidons d'avancer par la petite route en balcon d'altitude entre Santa Elena et Tilaran. Cette route est somptueuse, nous y découvrons ici un Costa Rica de pâturages, d'élevage, de collines verdoyantes, de plantations de café avec des vues dégagées sur la vallée. Nous traversons de petits villages simples, colorés et propres où l'esprit "cowboy" est bien marqué par les hommes en chapeau, les nombreux chevaux et les arènes pour pratiquer le rodéo ! 

Paysage sur Quebrada Grande 

Les vaches Zébus du Costa Rica...trop mignonnes !

Puis après deux heures de virages dans les collines vertes qui nous ont rappelés les paysages des Açores, nous redescendons sur la Panaméricaine au niveau de Cañas, la température s'envole (35°C), la végétation devient sèche et timide. Nous nous arrêtons pour recharger notre téléphone Costaricain. (un système simple : de petits commerces affichent sur leurs vitrines les noms des opérateurs, nous c'est Kolbi, il suffit de donner quelques colonnes (700 = 1 euros) et son numéro et hop le crédit passe sur le téléphone) 

Nous remontons vers le nord sur cette grande nationale jusqu'à Bagaces, sur notre droite la Cordillera formée de nombreux volcans marque la limite entre la partie Pacifique et Caraïbes de ce pays. Cette barrière volcanique est très importante puisqu'elle est responsable du climat entre ses deux zones et la ligne de partage des eaux. A cette période de l'année nous sommes sur la saison sèche du Pacifique et humide des Caraïbes ! 

Le volcan Miravalles sur la Cordillera

Puis plus au nord le Santa Maria et la zone du Guanacaste notre destination

Dans Bagaces, changement de cap, nous reprenons la route vers la Cordillera et le village de Guayabo. Il fait toujours très chaud, les vautours nous survolent et la route se transforme en un chemin défoncé avec des nids de poule (que nous appellerons nids d'éléphants au vu de leurs tailles). Ca grimpe tellement par moment que le petit 4x4 en fond de première peine et hurle la mort.

Nous y sommes ! Rinconcito Lodge ! Des airs de ranchs avec ses chevaux, ses pistes de terre, ses hamacs Mexicanos, ses très jolis bungalows dans un jardin magnifiquement fleuris et une belle piscine ! Une bonne idée après une longue route sous le cagnard ! 

Le patron nous propose une offre petit déjeuner + surclassement climatisation intéressante que nous ne refusons pas au vu du climat très différent de celui de Monteverde (presque 15°C de plus !)

Un petit rafraîchissement nous est offert et nous commandons pour déjeuner de délicieux Patacon (sorte de galettes de bananes plantains tartinées d'effiloché de boeufs et de purée de haricot rouge) Pas de doute les influences mexicaines sont quasiment dans tous les plats Costaricains ! 

Notre chambre est très sympa avec vue sur la forêt sèche et ses incroyables oiseaux dont les couleurs et les chants sont magnifiques et uniques comme le Cassique de Montezuma ou le Geai bleu ! Mais nous avons aussi la visite de petits écureuils et de petits iguanes impressionnants ! 

Les patacons

Geai Bleu (photo internet)

Cassique de Montezuma (photo internet)

Au soir tombé et après une bonne séance farniente et piscine, les rencontres dans l'hôtel se seraient limitées avec plaisir aux insectes et aux crapauds mais nous allons aussi avoir le droit à un bus de touristes ! Wouaw on en avait pas vu depuis longtemps ! Le souci c'est qu'ils sont américains, donc bruyants et nous découvrons avec dépit que les murs de notre chambre sont en carton.....tout, nous entendons tout et nos voisins semblent très heureux du confort du lit et s'offrent une partie de jambes en l'air à 18h, Clément a le sourire aux lèvres, Manon les écouteurs dans les oreilles et nous on rit jaune ! 

Nous dînerons à l'Hôtel puisque nous sommes perdus en pleine pampa, mais c'est pas très grave car c'est bon et pas très cher, comme ces énormes Nacho Loco  que Clément va dévorer ! 

13 avril : 

Bonne nouvelle, nos voisins américains dorment bien et n'ont plus l'âge de passer la nuit en mode "galipettes" donc malgré la fragilité acoustique des chambres nous avons tous bien dormis !

Le petit déjeuner est très sympa dans la véranda de l'hôtel avec de bons pancakes, des fruits et des oeufs brouillés (il faut bien satisfaire la clientèle US).

Nous grimpons dans notre petit 4x4 en direction du Parc National Rincon de la Vieja. La route est toujours aussi désastreuse et passe par une petite zone privée où un gentil papi nous déleste d'un droit de passage (4 euros). On grimpe sérieusement vers le pied de la foret où se trouve l'entrée du parc et les rangers pour le briefing. (prix 50 euros pour nous 4).

Le parc est immense et inclus le cratère du volcan (interdit en ce moment), les rangers nous proposent deux itinéraires autonomes, le premier nous conduit vers la cascade de la Cangreja (10km aller retour dans la foret) à faire en premier car pour des raisons de sécurité il ferme à 12h et le second nous conduit vers le site volcanique où l'on trouve différentes manifestations comme des fumerolles, des boues bouillonnantes ou un volcanos.

Il est 9h, sacs sur le dos nous attaquons le premier chemin vers la cascade....

Très rapidement, nous pénétrons dans une foret dense, luxuriante, humide et sombre, nous essayons de garder les yeux sur le chemin qui est un dédale de racines et de pierres mais il est impossible de ne pas lever les yeux au ciel en permanence pour tenter d'apercevoir ces animaux qui font tant de bruits tout autour de nous mais qui jouent à cache cache dans cette végétation si dense.

Quelques fourmis découpeuses de feuilles

Des arbres impressionnants

L'eau sans qui cette végétation ne serait que désert

Ce qui va nous marquer, c'est l'incroyable fragilité de cette biosphère, dès que nous nous éloignons des vallées, soudainement la végétation devient éparse et de nombreux cactus font leur apparition en sous bois et si l'on avance encore, la végétation disparait et devient désert. La température sans la protection des grands arbres qui gardent l'humidité augmente elle aussi soudainement et ne fait qu'augmenter la différence de climat.

Nous allons tomber également sur une rivière qui s'engouffre brusquement sous terre, sous la foret dans un trou noir et aux odeurs de souffre....

Les cactées en Lisière de foret.

La rivière qui devient souterraine

Soudain, les kilomètres d'observation vont payer ! Nous tombons sur une colonie de capucins à têtes blanches ou Cappuccino ! Quel grand moment de bonheur ! D'une part puisque nous sommes seuls avec eux au milieu d'une foret immense, parce qu'ils sont curieux et qu'ils vont se livrer à quelques figures et poses amusantes mais surtout parce que voir des singes sauvages dans une foret ....c'est tellement dépaysant ! Tout se passe bien jusqu'à l'arrivée du mâle dominant qui va clairement montrer que l'on est pas les bienvenus en cassant quelques branches et en nous montrant sa belle dentition .....ok les cocos on vous laisse tranquille et merci pour cette belle rencontre !

Plus nous avançons et plus notre oeil et notre oreille sont à l'affut .....nous nous ouvrons à la nature .....et alors elle livre une multitude de ses plus belles créations......(le bémol est que clairement pour le Costa Rica il faut être armé d'un sacré matériel pour espérer tirer de belles photos, les observations sont hautes ou lointaines, furtives.......avec un smartphone il faut être encore plus chanceux !) 

Nous allons avoir la chance de voir, lézards, libellules, papillons (dont l'énorme bleu du Costa Rica), abeilles sauvages, coléoptères, le petit toucan Aracari, le Motmot , Colibris, Vautour noir, perruches vertes, la grosse Pénélope panachés (une grosse dinde noire perchée dans les arbres), des chevreuils, des Agutis, des singes capucin et des singes araignée ......pour les espèces que nous avons réussi à identifier ! Mais il est certain qu'il doit y avoir mille autres espèces !!!! C'est hallucinant de voir une telle biodiversité, de telles couleurs, de telles chants !

Le Motmot 

Le chemin sort quelquefois de la vallée pour traverser des plaines arides, il y fait si chaud que le pas s'accélère pour rejoindre au plus vite la foret suivante....

Et enfin après deux heures de marche, nous entendons le bruit de la cascade, une dernière descente dans un nouveau couloir de végétation et la voilà ! Superbe ! 500m plus tôt nous étions dans la poussière !

C'est sur le retour en cherchant nos copains capucins que nous trouvons les singes araignée, beaucoup plus haut et plus sauvages nous les observons passer de branche en branche avec une facilité déconcertante armés de membres immenses et d'une queue leur servant de ligne de vie tant elle s'enroule autour des branches pour assurer leur cueillette d'une mauvaise chute !

Après 4 heures de rando, le pique nique à l'ombre au parking nous fait le plus grand bien (lunch box de l'hôtel) avant de repartir pour le second circuit dans les sources volcaniques.

Ce parcours beaucoup plus "touristique" est une boucle de 2km parfaitement tracée, même si la première partie dans une plaine aride ressemble beaucoup à ce que nous avons vu dans le cratère de Furnas aux Açores ! La seconde qui remonte dans la foret tropicale est très active et inédite, voir des mares bouillonnantes et des fumerolles au milieu des arbres est un spectacle impressionnant et qui prouve l'intense activité au coeur de ces volcans endormis.

Le spectacle à Rincon est aussi dans l'observation d'arbres majesteux....

...et surprenants

Lac de souffre...

....fumerolles....

....boue bouillonnnante....

....et mare en ébullition .....ca chauffe à Rincon de la Vieja !

Après une telle journée, nous rentrons heureux mais fatigués, heureusement nous allons avoir l'agréable surprise du départ de nos voisins américains ! Nous sommes seuls ....on va dormir comme des rois !